La République de Djibouti a souvent eu un rôle ambivalent vis-à-vis de la Somalie. Si elle à officiellement toujours soutenu une Somalie souveraine et indivisible, elle a néanmoins alimenter le projet sécessionniste du Somaliland. Les sécessionnistes étaient jusqu’à dernièrement en territoire frère et rencontraient les officiels du pays d’égal à égal. A titre d’exemple, les officiels somalilandais ainsi que les commerçants ont bénéficié de la délivrance de passeport, de soutien politique indéniable. Djibouti a servi de pôle financier pour le Somaliland qui contournait les restrictions de la Somalie via Djibouti.
À plusieurs reprises, Djibouti a organisé des rencontres entre les leaders sécessionnistes et l’état fédéral de la Somalie, poussant l’état fédéral de Somalie a faire beaucoup de concession pour le Somaliland. Dernièrement, en Décembre 2023, lors de la dernière rencontre à Djibouti, il était question de pousser un peu plus loin les faveurs qu’accorderaient l’état fédéral au sécessionnistes.
Moussa Bihi respirait enfin après la traversée du désert qu’il a connu avec Farmaajo. Mais à sa grande surprise, Djibouti va se réveiller en plein cauchemar. Le Somaliland qu’elle a biberonner durant 30 ans va s’avérer être une vipère accrochée à son sein. Moussa Bihi va, deux jours après la rencontre fructueuse de Djibouti, s’envoler vers Addis-Abeba et signer à la hâte une entente avec Abiy Ahmed, entente pour lui livrer un bout de façade maritime à l’Ethiopien. Lhomme assoiffé de reconnaissance s’est jeté dans la gueule d’un loup assoiffé d’un accès à la mer.
De plus, le classement des ports a créé un sursaut, disons-le salvateur, quand les ports de Djibouti ont été relégués à la 326 place et que Berbera s’est vu attribué une place honorifique. Les autorités Djiboutiennes, et à juste titre, ont vu la tête couronnée des émiratis derrière tout cette manigance. N’est-ce pas le but ultime d’écraser Djibouti et sa place forte dans le Bab el Mandeb ? Et ainsi l’humiliation des Émirats serait vengée ? Des sources confirment que le deal entre Moussa Bihi et Abiy Ahmed, les deux sont les alliés des Émirats, est l’œuvre de la monarchie du golfe pour chambouler l’équilibre actuel des choses. Avec l’accession de l’Éthiopie à la mer, Djibouti serait un pâle souvenir du passé.
Djibouti s’est réveillé. Les couloirs du palais de l’escale grouillait comme une ruche des nombreux jours, jour et nuit. Et les premières actions se firent jour :
1. Contrer les sécessionnistes par l’acceptation de Awdal State, dissidente du regime de Hargeisa;2. A Mogadiscio, le président Hassan Cheik réunit les députés des régions nord et leur annonce que quiconque soutiendrait tout projet sécessionniste serait banni de la république;3. Le premier ministre somalien promulgue un décret qui rend le projet sécessionniste « péril national » au même titre que les Shababs;4. Les leaders de Awdal State sont invités à Djibouti et trouvent une oreille compatissante;5. Dernièrement, le président de la région du Khaatumo qui a arraché sa liberté du Somaliland au prix d’une guerre meurtrière de 9 mois est lui aussi invité à Djibouti;
Djibouti commence à reprendre du poil de la bête. À Hargeisa, les nuits sont longues et cauchemardesques au palais de Morgane. Bihi ne sait plus où donner de la tête. Et pour ne rien arranger, Abiy tarde à déclarer la reconnaissance tant convoitée. Pire, l’Éthiopie a pris la voie de la négociation avec la Somalie, en Turquie notamment. Abiy a déclaré devant son parlement que la Somalie aurait mieux fait de venir le voir à Addis pour régler ce problème. Une reconnaissance à demi-mot que l’entente avec Bihi est un fardeau sur le plan international et qu’il voudrait s’en débarrasser au plus vite.
Mais que va faire Djibouti après ce valet diplomatique ? Ira-t-elle au bout de ses ambitions ? Se battra-t-elle pour garder sa place forte sur le Bab El Mandeb ?
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